Romain a été déclenché 6 fois par Staying Alive.
Depuis son plus jeune âge, Romain M. est fasciné par les pompiers et passionné par le domaine médical. C’est donc tout naturellement qu’il s’est inscrit sur Staying Alive. Au moment de son inscription en 2020, il est loin d’imaginer qu’il sera déclenché 6 fois par les services de secours. Rencontre avec un citoyen sauveteur investi et engagé.
Pourquoi vous-êtes vous inscrit sur Staying Alive ?
“J’avais vu une publication du Bon Samaritain (ndlr. L’appellation Le Bon Samaritain a été remplacée par Staying Alive en avril 2024) et je m’étais dit Pourquoi ne pas télécharger l’application Staying Alive ? Puisque que je sais faire, je l’aurai sur moi pour intervenir. On sait très bien que dans ce genre de situation, chaque minute compte. Plus on est formés, plus on peut intervenir et mieux c’est ! Je m’étais dit : Allez go, on saute le pas, on l’installe et on verra… Et puis, si ça se trouve je ne serai jamais déclenché ou une fois sur plusieurs années… Bon, j’ai été déclenché 6 fois.”
Racontez-nous l’intervention de Staying Alive qui vous a le plus marqué.
“Ma première intervention par Staying Alive, c’est la découverte. J’ai téléchargé l’application mais je n’avais jamais été déclenché.
Ça s’est passé dans un gymnase à Ailly-sur-Somme. Un judoka qui était en entraînement, s’est écroulé devant son équipe. Je me suis présenté sur les lieux deux minutes après avoir été déclenché puisque c’était à quelques centaines de mètres de chez moi. À mon arrivée, ses collègues étaient au courant de mon arrivée, les secours avaient prévenu qu’une personne se présentait et qu’il fallait lui faciliter l’accès. J’ai donc accédé facilement à la victime, le temps de me déchausser pour passer très rapidement sur le tatami.
Ce monsieur, d’une cinquantaine d’années je dirais, était déjà en arrêt cardiaque depuis plusieurs minutes. Ils étaient au téléphone avec les secours mais personne ne savait correctement masser, ils n’ont pas osé. Dès mon arrivée, j’ai commencé le massage cardiaque. J’ai demandé à ce qu’on ventile le monsieur entre mes compressions. Entre 8 et 10 minutes, j’ai récupéré un faible pouls, certes faible mais un pouls quand même. Quelques minutes après, l’homme revenait à lui. Il a réussi à me serrer légèrement la main, je savais qu’il était de nouveau parmi nous. Il a rechuté une seconde fois avant de refaire surface au bout de 15 minutes. Pile au moment où les secours, sapeurs-pompiers et SMUR du 80, se sont présentés.
Dès qu’ils sont arrivés, j’ai passé mon bilan au médecin du SMUR. Les secours l’ont scopé (ndlr. La victime est branchée à un moniteur pour surveiller ses signes vitaux), il a été placé dans le coma puis intubé, conditionné et transporté vers le CHU.”
Qu’avez-vous ressenti au moment de l’alerte ?
“Le premier sentiment que j’ai ressenti, c’est l’adrénaline. Je ne ressentais pas le stress, bizarrement, je n’étais pas perturbé ou paniqué. J’étais hyper concentré.
Dès que j’ai entendu mon téléphone -la sonnerie est assez particulière et forte-, j’ai tout de suite été concentré et me suis dit Bon voilà, c’est ma première, il y a ça, ça, ça à faire. J’ai tous mes automatismes qui me sont revenus en tête sans me poser de questions. J’étais impatient d’arriver sur les lieux et d’intervenir le plus rapidement possible.”
Et après l’intervention ?
“Par un de mes anciens collègues, j’ai pu avoir quelques informations sur ce monsieur. Les médecins ont dit que j’avais très bien réagi sur place. Ils m’ont rassuré : Grâce à toi, ce monsieur est sorti d’affaire, il a été opéré, il a été pris en charge au CHU d’Amiens.
Quand je me suis posé chez moi en rentrant, je me suis repassé l’intervention en tête. J’étais tellement concentré que je ne pensais même pas à souffler. Ce n’est qu’au bout d’une bonne demie heure, à la fin de l’intervention, que j’ai ressenti une fierté. J’étais sûr qu’il était sauvé parce que j’ai eu la confirmation des médecins qu’il était hors de danger.
Quelques jours plus tard, un des membres du bureau des judokas, m’a envoyé un message : “La victime souhaite te remercier”. J’étais en vacances mais j’ai eu la chance de le revoir quelques jours après et effectivement ce monsieur était sur ses jambes.
Pour moi, c’est une satisfaction énorme plus qu’une fierté, de voir ce monsieur sur ses jambes. C’est l’intervention qui m’a le plus marqué, d’une part parce que c’était la première via Staying Alive mais aussi parce que les choses se sont bien déroulées malgré deux chutes en ACR. Pouvoir se dire J’ai fait ce que je sais faire, ça a porté ses fruits et ce monsieur est vivant.
Je croise encore parfois cet homme dans le village. C’était paradoxalement ma plus belle intervention via Staying Alive.”
Que diriez-vous à celles et ceux qui hésitent à s’inscrire sur Staying Alive ?
“Ça a été utile de télécharger et d’ installer Staying Alive. Il faut que les gens puissent comprendre que même s’ils ne savent pas faire un massage cardiaque, ils peuvent être guidés par les secours au téléphone. Vaut mieux le faire en ne sachant pas le faire et peut-être aider plutôt que de ne pas faire du tout.”
Après plusieurs expériences professionnelles, à la gendarmerie, en tant que sauveteur secouriste du travail, Romain suit aujourd’hui une formation dans la Somme pour devenir agent de sécurité privée, toujours avec la même ambition : aider et porter assistance.